Charbonniers

1. Mal Compris
2. Le Capitaine
3. RER
4. La Planche à Faux Billets



1. Mal Compris

On s'était mal compris
Elle me croyait épris
Et puis elle a appris
Je suis un malappris

On s'y était mal pris
Alors on s'est repris
Et on a fait le tri
De tous nos partis pris

On s'était mal compris
Alors on s'est dépris
Mais sans aucun mépris
Et le train qu'elle a pris
Ce vilain train tout gris
Emporte les débris
D'un amour incompris





2. Le Capitaine

Dans le quartier des filles de joie
Il a comme un regard sournois
Il a comme un regard pervers
Faut dire qu'il a un oeil de verre

C'est un capitaine cap-hornier
Que les sirènes ont rendu niais
Et les sirènes du port d'Anvers
Elles s'y connaissent en promesse

Dans le quartier des filles de mer
Il a la démarche de travers
Il a la démarche de guingois
Faut dire qu'il a une jambe de bois

C'est un capitaine au long cours
Que les sirènes ont rendu sourd
Et les sirènes du port d'Hambourg
Elles s'y connaissent en amour

Dans le quartier des filles perdues
Il a l'air d'un marin vaincu
Il a l'air d'un vieux tout fourbu
Faut dire qu'il a le dos bossu

C'est un capitaine au grand large,
Que les sirènes ont rendu barge
Et les sirènes du port du Havre
Elles s'y connaissent en cadavre

Quand il boit, il voit de travers
Quand il boit, il va de travers
Mais il ira encore une fois,
Et encore et encore une fois

Dans le quartier des filles de joie
Des filles perdues, des filles de mer
La capitaine à jambe de bois
Au dos bossu, à l'oeil de verre





3. RER


J'ai parcouru tous les déserts,
Je connais tous les bords de mer
J'ai même été à Santander
J'ai des amis à Vancouver

Mais voyez-vous, il n'y a rien à faire
Moi je préfère le RER
Et l'oeil hagard des banlieusards du terminus de Saint-Lazare

J'ai trop peur des tapis volants, des machines à remonter le temps,
L'Orient Express va bien trop loin, et le Titanic n'est pas au point

Non voyez-vous, il n'y a rien à faire
Moi je préfère le RER
Et l'oeil hagard des banlieusards du terminus de Saint-Lazare

Il y a bien la jeep de ma belle-mère, le deltaplane, l'hélicoptère,
La bicyclette de la postière, ou l'omnibus avec Bébert

Mais vraiment non, il n'y a rien à faire
Moi je préfère le RER
Et le regard noir des banlieusards du terminus de Saint-Lazare

J'ai voyagé en montgolfière, même sur le dos d'un phacochère,
Grâce au balai d'une sorcière, ou sur les ailes d'un éphémère

Mais croyez-moi, il n'y a rien à faire
Moi je préfère le RER
Et la colère des banlieusards du terminus de Saint-Lazare
Quand sans aucune explication, un incident d'exploitation,
Les contraint comme tous les matins à nous supprimer tous les trains





4. La Planche à Faux Billets

La planche à faux billets est trop lourde à porter,
Et je ne peux plus faire l'effort de percer des coffre-forts
Je suis trop vieux pour le crime, les hold-ups me dépriment
Voler les bijouteries, c'est foutu, je suis fini

Je suis condamné aux timbres-poste, et à somnoler devant mon poste,
L'heure vient de sonner à la retraite, je suis condamné, c'est pas ma fête
Je suis condamné au jardinage à perpétuité
Faire le ménage, aux travaux forcés de bricolage,
Je suis condamné, je n'ai plus l'âge

Quant à cambrioler, une banque ou un musée,
Je ne peux pas l'imaginer, je suis bien trop diminué
Dévaliser un train en criant "haut les mains !"
C'est bien trop fatiguant à 77 ans

Je suis condamné aux timbres-poste, et à somnoler devant mon poste,
L'heure vient de sonner à la retraite, je suis condamné, c'est pas ma fête
Je suis condamné au jardinage à perpétuité
Faire le ménage, aux travaux forcés de bricolage,
Je suis condamné, je n'ai plus l'âge

Je me vengerais, à la maison de retraite,
Et je les dévaliserai toutes ces vieilles bêtes ...